Originaire du Valais et ingénieur civil diplômé EPF, Ralf Grand travaille depuis huit ans en tant que directeur des travaux chez Kraftwerke Oberhasli AG (KWO). Sur le grand chantier «Remplacement du barrage de Spitallamm», il coordonne, optimise et supervise les travaux sur place, avec trois autres chefs de chantier de KWO. Après avoir mené à bien le projet d’extension «Tandem», le remplacement du barrage de Spitallamm constitue son deuxième grand projet chez KWO. Dans un bref entretien, il tire le bilan de la deuxième saison du chantier au Grimsel.
La saison 2020 est achevée. Quel bilan tirez-vous?
La saison 2020 a été une très bonne année pour nous. Ce printemps, il y a eu moins de neige qu’en temps normal au Grimsel et nous avons pu reprendre les travaux plus tôt que prévu. La sécurité des ouvriers était notre priorité. Cette année encore, il a fallu réaliser en parallèle des travaux de dynamitage et de montage. Nous avons pleinement atteint les objectifs que nous nous étions fixés pour 2020 et ce, pratiquement sans accident.
Quels ont été les principaux jalons?
Cette année, nous avons terminé les travaux d’excavation. L’excavation, c’est-à-dire les travaux de dynamitage effectués directement devant le mur existant avec le lac du Grimsel retenu ont été très délicats. Le mot d’ordre était la tolérance zéro. Les travaux devaient remplir des règles rigoureuses que nous avons surveillées par des mesures en continu. De plus, nous avons pratiquement mis en place l’infrastructure dédiée aux travaux de bétonnage des prochaines années, à savoir la gravière de Gerstenegg et la centrale à béton au pied du mur. Toutes les installations sont désormais réglées et devraient fonctionner parfaitement l’année prochaine.
«Je me réjouis de faire «sortir de terre» quelque chose de visible. Jusqu’à présent, nous avons seulement déblayé et dynamité pour faire des trous et des galeries. (…) On ne voit donc pas grand-chose du travail que nous avons accompli avec beaucoup de passion ces deux dernières années.»
Que retenez-vous personnellement de cette saison 2020?
Ce sont les quelque 100 ouvriers du consortium ARGE Grimsel qui ont travaillé chaque jour, par tous les temps, sur cet ouvrage, avec beaucoup de joie et d’engagement. Ils méritent d’être particulièrement remerciés!
Cette saison, les essais de béton ont été un élément clé du chantier. La qualité des différents types de béton est importante. Peut-on déjà tirer un bilan provisoire?
Les essais préliminaires de béton de la première et de la deuxième phase se sont parfaitement déroulés. Nous avons constaté que nous pouvons fabriquer le béton que nous voulons avec des pierres que nous broyons nous-mêmes sur place. De même, nous allons parvenir à la mise en œuvre, qui est très importante. Sur la base des expériences faites, nous procéderons encore à quelques ajustements au printemps prochain et serons ensuite prêts pour les travaux de bétonnage.
Cette année a été marquée par la pandémie du coronavirus. En quoi s’est-elle répercutée sur les travaux du chantier?
En début de saison, nous ne savions même pas si nous pourrions commencer la saison de chantier 2020. Cela a rendu la planification difficile et on ne savait jamais si l’on disposerait des appareils prévus et du personnel. Le consortium ARGE a alors élaboré les concepts de sécurité nécessaires et nous avons pu faire face à la situation grâce à la distanciation et aux mesures d’hygiène habituelles.
Qu’est-ce qui vous fascine dans ce chantier?
La construction d’un mur de barrage est déjà fascinante en soi. A cela vient s’ajouter le fait qu’ici, au Grimsel, on ne le construit pas sur quelque chose de complètement nouveau mais directement devant un mur déjà existant. C’est un défi de taille. Et nous nous réjouissons aussi toujours de ce magnifique paysage. Que vouloir de plus?
Les spectaculaires travaux de dynamitage sont maintenant terminés. Le chantier va-t-il devenir ennuyeux?
Même si les travaux de dynamitage pour l’excavation sont terminés, nous n’allons bien entendu pas nous ennuyer sur le chantier. Il y aura encore des travaux de dynamitage pour les galeries au cours des prochaines années. Mais nous allons maintenant mettre l’accent sur les travaux de bétonnage. Et un ouvrage qui fait plus de 100 mètres de haut et jusqu’à 220 mètres de long ne manquera certainement pas de nous poser encore quelques défis.
Qu’est-ce qui vous fera particulièrement plaisir durant la prochaine saison?
Je me réjouis de faire «sortir de terre» quelque chose de visible. Jusqu’à présent, nous avons seulement déblayé et dynamité pour faire des trous et des galeries. De l’extérieur, on ne voit que les portails des galeries, le reste est caché dans la montagne. De l’excavation, on ne voit aussi qu’un trou. On ne voit donc pas grand-chose du travail que nous avons accompli avec beaucoup de passion ces deux dernières années. Il s’agit maintenant de remplir de nouveau le trou laissé par les matériaux excavés. A chaque étape, le nouveau mur grandit un peu et cela se verra déjà de loin.